Considérée comme un trophée chez un guerrier ou un aventurier, la cicatrice ne ravit pas tout le monde ! Si les stigmates qui tatouent notre peau au fil des ans révèlent que la peau joue parfaitement son rôle de rempart, on préfèrerait qu'aucune marque ne nous replonge dans de douloureux souvenirs, pour une raison généralement esthétique.
La peau, c'est donc l'organe qui rend notre organisme plus solide face aux agressions extérieures comme les chocs, la pollution, les infections ou encore les rayons du soleil. Cette barrière cutanée n'est pas pour autant un organe infaillible et la peau est souvent victime de maladies et de blessures. Si elle possède la capacité de se régénérer toute seule, il est important de connaître les bons gestes pour la préserver au maximum et faciliter sa réparation en cas de plaies.
La peau réagit promptement en cas d'agression pour limiter l'extension de la plaie et permettre une réparation plus rapide des tissus endommagés. On constate d'abord une vasodilatation et l'augmentation de la perméabilité capillaire, bref : on saigne. Un exsudat se répand dans et autour de la plaie et un œdème se forme. Ce phénomène permet l'apport de protéines sériques comme les immunoglobulines et les fibrinogènes. Les fibrinogènes sont transformés en fibrine, un maillage de cicatrisation qui empêche les lésions de s'étendre davantage et qui guide les cellules inflammatoires. Le rôle de l’œdème et de l'exsudat consiste aussi à diluer les substances toxiques et envoyer des leucocytes sur la plaie. C'est ce qu'on appelle la leucodiapédèse. Ce sont les polynucléaires neutrophiles qui sont envoyés en premier sur le combat. Ce sont des macrophages : ils ingèrent et digèrent les bactéries et corps étrangers présents dans la plaie. Ce phénomène s'appelle la phagocytose.
Entraînés par des stimuli chimiotactiques, les monocytes, lymphocytes et plasmocytes se ruent sur la plaie pour assurer leur mission de détersion, soit le nettoyage et l'assainissement de la plaie. Cet ensemble forme le granulome inflammatoire. Cette étape est fondamentale pour la cicatrisation. Les débris nécrotiques doivent être évacués au maximum. Sont considérés comme débris les cellules tissulaires, la fibrine restante mais également les polynucléaires morts au combat. Dans le cas d'une plaie légère, l'organisme est capable de gérer seul la détersion. Sur des plaies plus graves ou enfermées (brûlures de 2ème et 3ème degrès, abcès...), la détersion devient un geste médical : grattage de la fibrine, incision de l'abcès...
La plaie et le processus de détersion créent un vide substantiel. Entre 2 à 4 jours suivant la blessure, un tissu de granulation va se constituer pour combler la perte tissulaire. Il s'agit d'un tissu temporaire riche en néo vaisseaux, fibroblastes, myofibroblastes, glycoprotéines (formant la fibronectine) et acide hyaluronique. Il abrite également les cytokines, chargés de développer le système immunitaire. Le bourgeon charnu est une sorte d’échafaudage qui se met en place sur la plaie pour préparer la reconstitution du tissu abîmé. En parallèle, les kératinocytes (cellules de la peau) de l'épiderme et des poils adjacents se multiplient et migrent vers la plaie en se faufilant entre l'exsudat et le bourgeon charnu. Ainsi s'opère la ré épithélialisation.
Pour atteindre l'étape réelle de cicatrisation, la plaie doit être débarrassée des agents agresseurs et recouverte du tissu de granulation. On doit donc constater à l'observation une plaie propre et non purulente. L'inflammation est diminuée et une croûte recouvre la blessure.
Au bout de 2 à 3 semaines, les myofibroblastes se contractent. Les néo vaisseaux constitués en surnombre pour réparer les tissus plus rapidement se raréfient pour ne laisser que la vascularisation « normale », proche de sa version antérieure. Les fibroblastes laissent peu à peu la place aux fibres de collagène : le néo tissu se forme peu à peu. Fragile durant son premier mois d'existence, le nouveau tissu conjonctif gagnera peu à peu une meilleure résistance en s'orientant selon les lignes de tension.
Lorsque toutes ces phases se déroulent correctement, la cicatrisation ne laisse que peu ou pas de traces. Mais nous ne sommes pas tous égaux face à la cicatrisation et chez certaines personnes la cicatrice va poser de réels problèmes d'ordre esthétique, voire parfois, des douleurs.
La restitution de l'intégrité tissulaire est le résultat attendu. Il s'agit du retour d'un tissu conjonctif correctement vascularisé et composé de trousseaux de collagène identiques à l'état initial.
Une détersion désorganisée, une surinfection bactérienne, des carences ne permettant pas une bonne synthèse du collagène sont à l'origine de complications de cicatrisation. On obtient alors une cicatrice hypertrophique, encore appelée chéloïde. Ce sont des cicatrices qui créent des boursouflures, car le collagène s'agglutine par endroit, formant d'épais trousseaux de fibres compactes. Le résultat est volumineux, épais et irrégulier. Lorsque les nodules ne cessent de croître, il est parfois nécessaire d'opérer pour réduire le volume de la cicatrice et mettre fin au phénomène responsable de la chéloïde.
Contrairement aux idées reçues, se jeter sur le spray antiseptique face à une plaie n'est pas le meilleur réflexe. Il existe un risque d'allergie ou de causticité. Les antiseptiques peuvent également « oublier » des germes. Préférez une solution simple : le sérum physiologique, ou l'eau avec du savon. Les produits que vous utilisez sur et autour de la plaie doivent être les plus neutres possible. En l'absence d'une plaie très sale, malodorante ou suintante, il est inutile d'envisager l'antibiothérapie. En effet, des bactéries amies participent à la cicatrisation et il serait dommage de les supprimer !
On a souvent cru qu'une plaie cicatrisait mieux à l'air libre et qu'une croûte sèche laissait place à une peau nette après cicatrisation. Il s'agit encore d'une mauvaise idée ! La cicatrisation est plus efficace en milieu humide. De nombreuses études ont confirmé que l'application de pansements occlusifs enfermant la plaie dans un milieu humide obtenait de meilleurs résultats que les plaies laissées à l'air libre. De plus en plus de laboratoires conçoivent des pansements-médicaments. Ces pansements occlusifs contiennent une solution cicatrisante pour accompagner l'organisme dans son processus de réparation naturelle. Enfin, aussi surprenant que cela puis paraître, sachez que pour vos pansements, un ingrédient naturel obtient d'excellents résultats de cicatrisation, il est même utilisé en chirurgie : c'est le miel !
Le changement de pansement doit être correctement effectué. Le retrait du précédent pansement doit se faire délicatement pour ne pas arracher les bourgeons ou l'épiderme néoformé. On procédera à un lavage au sérum physiologique ou à l'eau savonneuse entre deux pansements. En fin de cicatrisation, le nettoyage doit être le plus doux possible pour ne pas endommager les jeunes cellules. Le renouvellement de pansement s'effectue tous les jours en cas d'infection, tous les 3 à 4 jours en phase de bourgeonnement et tous les 4 à 7 jours au cours de l'épidermisation.
Comme nous l'indiquions plus haut, la constitution des fibres de collagène est l'étape ultime pour que la peau retrouve son aspect antérieur. Or, il est possible de stimuler la production de collagène en sélectionnant les bons nutriments, comme la vitamine C. Cependant, les nutriments ont plus d'avantages en préventif qu'en curatif. L'idéal est de toujours conserver une alimentation équilibrée. Les personnes carencées cicatrisent plus difficilement que les personnes dont l'alimentation est diversifiée. C'est donc surtout en prévention que votre alimentation participera au bon déroulement de votre cicatrisation.
Les protéines apportent de l'énergie aux acteurs de la cicatrisation. Chez les grands brûlés, un régime hyper-protéiné améliore nettement la cicatrisation et la survie.
Les glucides représentent également une source d'énergie non négligeable. Pour permettre aux protéines de se concentrer sur la synthèse de collagène et non sur la production de glucose, l'apport de glucides doit représenter environ 50% de la ration énergétique !
Ce sont des oméga-6 dont nous avons besoin pour cicatriser. Un déficit d'acides gras poly-insaturés provoque un dessèchement de la peau et peut alors retarder la cicatrisation. En prévention, privilégiez des huiles riches en acide linoléique comme l'huile de pépins de raisin, l'huile de carthame, l'huile d'arachide, l'huile de germe de blé...
La massothérapie fait partie des techniques classiques de traitement des cicatrices. Le massage va permettre à la peau de retrouver son élasticité et une coloration plus uniforme. Il est préférable d'attendre 3 semaines à 1 mois après la fermeture de votre cicatrice pour commencer le massage. Vous interviendrez alors sur une peau prête à être manipulée. Le massage diminue l'inflammation, aide à répartir uniformément les cellules et les vaisseaux sanguins et stimule leur renouvellement. Il ne faut donc pas hésiter à masser une cicatrice fermée, à l'aide d'une huile corporelle, d'un complexe d'huiles essentielles ou un gel d'aloé vera pur, surtout pour faciliter le geste de massage.
Nous en faisons tous la malheureuse expérience : la moindre cicatrice, aussi bénigne soit-elle, marquera votre peau, quasiment à jamais, si elle est exposée au soleil. Les jeunes cellules de la peau, trop fragiles, se défendent des rayons néfastes du soleil en produisant un pigment brun. Cette hyper pigmentation dure un long moment et s'il l'on veut éviter l'apparition de taches pigmentées, il vaut mieux prévoir le maximum de protection : rester à l'ombre, pansements, vêtements, crème solaire indice 50+, stick solaire toujours sous la main... Ne lésinez pas sur les protections anti-UV et attendez que la cicatrice blanchisse avant de vous exposer et de revenir à une protection plus légère.
Le stress est l'ennemi de beaucoup de choses, dont la cicatrisation. Tentez au maximum de vous libérer de vos angoisses pour permettre à votre organisme d'utiliser toute son énergie à la réparation de vos tissus et ne pas la perdre à compenser votre baisse de moral.
Enfin, retenez dans les grandes lignes qu'une plaie nettoyée cicatrisera mieux. Si la plaie est saine, laissez votre organisme gérer la réparation et facilitez son travail en vous assurant que la plaie bénéficie d'un environnement humide. N'arrachez pas la croûte : elle participe à une meilleure cicatrisation. Ne manipulez et n'appliquez aucun produit sur une plaie ouverte, sauf si le produit vous a été prescrit par votre médecin ou votre pharmacien. Une cicatrice encore rouge ou violette peut encore évoluer. Atténuez-la en la massant tous les jours et en veillant à la bonne hydratation de votre peau et en la protégeant du soleil. Le blanchiment de votre cicatrice est la dernière étape. A ce stade, elle peut marquer votre peau à vie ou s'atténuer lentement au fil des ans. Sachez que l'on ne cicatrise pas de la même façon selon notre âge. Les adolescents cicatrisent assez mal et ce n'est pas de chance pour eux, qui subissent les assauts de l'acné. Pour éviter le marquage en "cratères", il faudra apporter à la peau acnéique les meilleurs soins possibles.
*Nos conseils sont valables pour des plaies mineures sur lesquelles vous pouvez intervenir sans aide médicale. Face à une plaie importante, rendez-vous aux urgences où les meilleurs soins vous seront prodigués. Sont également exclus de nos conseils les cas de brûlure grave. Cependant, face à une brûlure grave, retenez qu'il est indispensable de refroidir la zone brûlée avec un jet d'eau continu, et ce durant au moins 15 minutes sans pause. Vous devez freiner la propagation de la brûlure avant de vous rendre aux urgences car une brûlure continue de s'étendre tant qu'on n'a pas refroidi la peau.
Sources : https://dermato-info.fr/ , https://www.lacicatrisation.com