L'atopie est une prédisposition génétique aux allergies et englobe des manifestations allergiques qui peuvent toucher plusieurs organes. Les voies respiratoires seront perturbées par l'asthme et les rhinites, les yeux seront sujets aux conjonctivites, le système digestif sera troublé par l’ingestion d'aliments comportant des allergènes et l'eczéma s'attaquera à la peau.
En présence d'allergènes (ou atopènes), les personnes allergiques vont sécréter une quantité élevée d'immunoglobuline E (IgE). Il s'agit d'une classe d'anticorps que l'on retrouve dans les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (MALT). Ces tissus sont répartis dans tout le corps et associés à différents organes : l'intestin grêle, les bronches, la cavité nasale, le larynx, la peau, les artères et les yeux. Dans un premier temps, la personne allergique traverse une phase cliniquement silencieuse, c'est la phase initiatrice. Au premier contact de l'allergène, les lymphocytes T et B s'activent et produisent des IgE spécifiques (pollen, acariens, protéines animales...). En cas de contacts répétés avec l'allergène, on entre dans la phase effectrice. Les lymphocytes se mettent alors à produire une grande quantité d'IgE qui provoquent des réactions inflammatoires auxquelles le corps répond en libérant de l'histamine. Dans le cas de la dermatite atopique, l'inflammation due aux IgE crée des anomalies de la barrière cutanée. Une peau normale laisse un peu d'eau s'évaporer et ne permet pas aux allergènes de la pénétrer. Une peau atopique perd trop d'eau, elle devient sèche, et n'est plus perméable aux allergènes, qui déclenchent une réaction inflammatoire.
Généralement, des prédispositions génétiques déclenchent l'eczéma atopique, et ce, dès le plus jeune âge. Si les facteurs héréditaires jouent également un rôle important dans la transmission de l'eczéma, un autre responsable devient de plus en plus préoccupant : l'environnement et le monde moderne. Avec les progrès de la médecine et les habitudes d'hygiène des pays industrialisés, la dermatite atopique est un problème émergent de santé publique. On la diagnostique 3 fois plus qu'il y a 30 ans, elle touche toutes les populations et atteint 20% des enfants de moins de 7 ans en France. Nos organismes rencontrant de moins en moins de facteurs infectieux, nos défenses immunitaires tuerait le temps en s'attaquant aux allergènes. Notre style de vie, trop aseptisé, nous a fait croire que nous nous mettions à l'abri des maladies : il se produirait en réalité tout le contraire. L'intervention de l'Homme sur des éléments naturels est désormais pointée du doigt : par exemple, la césarienne empêcherait le nourrisson de profiter de la flore cutanée de la mère au moment du passage par voie basse. Les détergents et ingrédients allergisants présents dans les produits et soins d'hygiène n'arrangent pas la santé de notre peau.
La peau atopique est sèche à très sèche. Elle présente également des plaques rouges et inflammatoires. Cette dermatose chronique évolue par poussées et provoque des démangeaisons. Le malade se gratte et s'expose alors à des infections cutanées. L'utilisation de crème pour peau atopique, des émollients, permet de freiner l'étendue de l'eczéma et calmer le prurit. Présente chez le nourrisson, parfois dès le premier mois, la dermatite atopique perturbe le sommeil et nuit au bien-être du malade jusqu'à engendrer un état dépressif. Très souvent, l'eczéma est associé à d'autres signes atopiques, comme l'asthme.
Il n'existe pas de lien direct entre l'alimentation et la dermatite atopique, car il s'agit d'une atopie non alimentaire. Les allergènes alimentaires ne provoquent pas d'eczéma mais une allergie pouvant en amener une autre, il est judicieux de limiter toute exposition allergisante. Il est, par exemple, conseillé de réduire la consommation de lait de vache (en bouteille et sous forme de fromages), de se limiter si possible aux yaourts et à de petites quantités de beurre cru. Les protéines contenues dans le lait peuvent effectivement être à l'origine d'allergies alimentaires. La plus connue est la caséine mais d'autres protéines de lait sont également concernées.
Toujours sur le lait de vache : le sucre, appelé lactose, occasionne des troubles digestifs lorsqu'il est ingéré en trop grande quantité. Gaz, ballonnements, douleurs abdominales et diarrhées acides sont les manifestations d'une intolérance au lactose. Cette intolérance peut toucher n'importe qui, ponctuellement, selon la quantité de lait ingérée. Chez les personnes eczémateuses, on écartera tout risque de troubles digestifs car ils sont à l'origine de l'acidité du corps et par extension, de la sueur. Or, une sueur acide va altérer le microbiote cutané et fragiliser la barrière cutanée. Outre le lactose, tous les sucres rapides rendront la sueur plus acide. Réduisez alors les gâteaux, viennoiseries, bonbons, jus de fruits, sodas et préparations industrielles avec sucres ajoutés.
Autre trouble digestif à traiter : la colopathie. La colopathie est une alternance diarrhée / constipation avec ballonnements. La Fondation Eczéma conseille de ne pas associer au cours des mêmes repas les fruits et/ou légumes avec les féculents. Élaborez des repas féculents ou des repas légumes/fruits, mais ne mélangez pas les deux. Enfin, par mesure de précaution, on évitera le gluten car une sensibilité au gluten provoque une inflammation de l'intestin grêle.
Les mauvais corps gras, soit les acides gras saturés, aggravent les états inflammatoires. Il naissent de la cuisson et de la transformation industrielle de graisses, pour la plupart d'origine animale, mais pas seulement. L'huile de coco et l'huile de palme contienne également des acides gras saturés. L'acide palmitique, l'un des plus courants acides gras chez les animaux et les plantes est considéré comme pro-inflammatoire. Cet AGS stimule la réaction inflammatoire au sein des cellules, dont les adipocytes (cellules graisseuses). Or, la dermatite atopique est elle-même une inflammation et la consommation d'AGS pourrait en aggraver les symptômes. Il est donc important de privilégier le beurre cru, la crème fraîche crue, les huiles végétales première pression à froid et la cuisine faite maison. Le beurre cuit, la crème fraîche cuite, les huiles standards, la margarine et la cuisine industrielle sont à proscrire.
Pensez à adapter l'alimentation d'un bébé touché par la dermatite atopique. Dans le cas d'un terrain familial atopique, si l'enfant présente une allergie aux protéines de lait confirmée par des tests cutanés et biologiques, le pédiatre doit diriger les parents vers un lait hydrolysé encore appelé lait HE dans lequel la caséine est rendue inoffensive. Pour éviter un effet d'allergies en cascade, la diversification alimentaire doit s'effectuer progressivement et sans éviction d'aliments à connotation allergisante comme les œufs, les poissons, les arachides... Alors que des parents pensaient bien faire en retardant l'introduction de certains aliments, il est aujourd'hui recommandé d'effectuer cette diversification à partir du 4ème mois, entre la 17ème et 24ème semaine de vie, avec un aliment à la fois. Une bonne tolérance alimentaire écarte les risques d'atopie. Mais l'alimentation ne réglant pas les problèmes d'eczéma, la priorité reste l'utilisation de cosmétiques naturels pour les bébés et l'application de soins émollients durant les poussées d'eczéma.
Date de mise à jour : vendredi 17 juin 2022 par Alexandre Autrou