L’utilité des microbiotes, où qu’ils se trouvent, n’est plus à démontrer. Composés de bonnes bactéries, ils limitent les infections en créant une compétition avec les agents pathogènes. Ils les empêchent de prospérer en inhibant la formation de biofilms pathogènes et en stimulant les processus immunitaires. Cela vaut pour la flore des intestins, du vagin, de la peau, de la vessie… Mais comment distinguer les bonnes bactéries des mauvaises ?
Grâce aux avancées technologiques, nous connaissons de mieux en mieux les micro-organismes qui peuplent nos microbiotes. On connaît même leur genre, leur espèce et leur souche spécifique. Et il y en a des millions ! Alors parmi toutes ces bactéries, ces champignons, ces virus, ces parasites, amis et ennemis, pathogènes et commensaux, est-il possible que le microbiote vaginal et le microbiote intestinal aient certains germes en commun ? Peuvent-ils migrer d’un écosystème à un autre ? Le déséquilibre de l’un pourrait-il conduire au déséquilibre de l’autre ? Nous tentons de répondre à toutes ces questions.
Rien à voir en effet avec les écosystèmes intestinal, buccal ou même nasal ! Avec seulement 300 espèces, la flore vaginale fait figure de parent pauvre dans la famille des microbiotes. D’ordinaire assez stable, celle-ci se compose principalement de bactéries de type Lactobacillus.
D’aucuns auront déjà entendu parler de la flore de Döderlein. Du nom du gynécologue qui l’a découvert, cet ensemble de bactéries - des bacilles - est naturellement présent dans une flore vaginale saine. Il se compose en majeure partie de lactobacillus acidophilus vaginalis, mais aussi de lactobacillus fermentum, de lactobacillus plantarum, de lactobacillus brevis, de lactobacillus jensenii, de lactobacillus casei, de lactobacillus cellobiosus, de lactobacillus leichmanii, de lactobacillus delbrueckii et de lactobacillus salivarius.
Si les bacilles de Döderlein représentent la première source d'acide lactique dans le milieu vaginal, ces bonnes bactéries ne sont pas les seules à veiller sur l’acidité bienfaitrice et stabilisatrice du microbiote vaginale : les cellules épithéliales vaginales produisent aussi de l'acide lactique, responsable de l'acidification du milieu vaginal.
C'est ce fameux pH à 4 assisté du biofilm protecteur du vagin qui préviennent des dysbioses, c’est-à-dire d'un déséquilibre de la flore. Car, parfois, des événements ou l’hygiène de vie fait que des germes anaérobies tels que le gardnerella vaginalis, l'atopobium vaginae, le prevotella et le snethia prennent le dessus, entraînant des troubles urogénitaux (infection ou mycose).
Dans une flore saine, les souches les plus présentes en nombre sont le lactobacillus crispatus, un lactobacille producteur de peroxyde d'hydrogène, le lactobacillus gasseri, le lactobacillus iners et le lactobacillus jensenii. Il est intéressant de noter qu’en cas de dysbiose, le lactobacillus crispatus disparaît presque entièrement. Il paraît donc utile d’apporter cette souche de bactérie lactique par voie vaginale pour restaurer une flore saine après une vaginose. Physioflor par exemple la propose en comprimés vaginaux et en comprimés oraux.
D’après les laboratoires PiLeJe, les lactobacilles « L. crispatus, L. gasseri, L. rhamnosus et L. plantarum ont des propriétés antivirales et antibactériennes ».
La composition de la flore vaginale est étroitement liée aux évolutions hormonales, et notamment à la production d’œstrogènes, qui façonnent l'épithélium vaginal (la muqueuse). C'est lui qui sécrète le glycogène, dont les lactobacilles ont besoin pour produire de l'acide lactique. Plus la muqueuse génitale est épaisse, plus il y a de glycogène et plus les ferments lactiques peuvent fabriquer l’acide lactique nécessaire à la protection du vagin contre les infections.
Mais le taux d’œstrogènes varie tout au long de la vie et au cours du cycle menstruel !
Par exemple, pendant les règles, le pH alcalin du sang fait augmenter le pH vaginal. Résultat : l'acidité baisse et la porte s'ouvre pour laisser entrer des agents pathogènes.
C'est à la puberté que la production d’œstrogènes se déclenche, donnant naissance à la flore vaginale. Au cours de la grossesse, elle connaît un pic. Malheureusement, le glycogène sert aussi à alimenter les candida albicans, ce qui explique pourquoi les femmes enceintes sont sujettes aux mycoses. A la ménopause, une baisse des œstrogènes implique mécaniquement une baisse des lactobacilles et donc de l’acidité du milieu vaginal. Un apport en ferments lactiques peut être très intéressant au cours de la ménopause pour rééquilibrer la flore et limiter l’apparition des infections vaginales.
L’état du microbiote vaginal est donc directement lié au taux d’œstrogènes et évolue naturellement au cours des grandes étapes de la vie d’une femme. Bien sûr, d’autres facteurs influent sur l'équilibre de la flore : la multiplicité des rapports sexuels, le tabac, les douches vaginales, les traitements antibiotiques, les pilules contraceptives faiblement dosées en œstrogènes…
Une étude publiée en 2018 portant sur la culture des bactéries de la vessie a révélé un microbiote urogénital interconnecté.
« Le partage microbien entre le microbiote vaginal et la vessie ne se limite pas aux uropathogènes connus et émergents, tels que E. coli et S. anginosus, mais inclut également les bactéries commensales associées à la santé, telles que L. iners et L. crispatus. »
Cette étude est même allée plus loin en essayant de comprendre les caractéristiques qui différenciaient les bactéries vaginales et de la vessie des bactéries intestinales en effectuant des comparaisons génomiques fonctionnelles.
Diversité fonctionnelle entre les génomes de souches bactériennes isolées de la vessie, du vagin et de l'intestin.
Analyse discriminante des principaux composants à l'aide des domaines protéiques conservés (CDD).
Chaque point de couleur représente une souche de 3 écosystèmes différents : bleu (vagin; n = 92), rouge (vessie; n = 67) et vert (intestin; n = 152)
Il faut donc soigner sa flore vaginale pour la bonne santé de sa vessie !
Pionniers dans les études sur les ferments lactiques, les laboratoires PiLeJe estiment que la flore vaginale hérite des souches présentes dans l’intestin, ou du moins une partie. Ainsi, les lactobacilles vaginaux viendraient de l’intestin en migrant du rectum jusqu’au vagin en passant par le périnée et la vulve, grâce au film hydrolipidique qui recouvre la surface cutanée.
En partant de ce principe, en cas de vaginose, il faudrait donc travailler sur ces deux écosystèmes. En conséquence, pour PiLeJe, l'administration de ferments lactiques, par voie vaginale ou/et orale, permettrait de rééquilibrer le microbiote vaginal et de réduire le risque de récidive.
Parmi les souches de lactobacilles particulièrement intéressantes pour la sphère vaginale, les lactobacillus crispatus et iners arrivent aux premiers rangs. Mais on peut aussi compter sur le lactobacillus plantarum, présent en grande quantité dans les capsules vaginales de Hydralin Flora, et le lactobacillus rhamnosus qu’on retrouve dans l’Ergyphilus Intima de Nutergia.
Et pour la santé globale de nos microbiotes interconnectés, il ne faut pas hésiter à faire des cures régulières par voie orale. Soigner la santé microbiotique de ses intestins a visiblement des répercussions plus globales. Bon à savoir, les seules souches de ferments lactiques à avoir une allégation aujourd’hui - et donc de jouir du statut de probiotiques - sont le lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus et le streptococcus thermophilus qui doivent être concentrés à au moins 108 unités formant colonies par gramme. Le streptococcus thermophilus se trouve en grande quantité dans le Microbiotiques Perméabilité Philaromal de Dietaroma.
Microbiote intestinal (flore intestinale) - Une piste sérieuse pour comprendre l’origine de nombreuses maladies, Inserm
Culturing of female bladder bacteria reveals an interconnected urogenital microbiota, Thomas-White, K., Forster, S.C., Kumar, N. et al., Nat Commun 9, 1557 (2018) doi:10.1038/s41467-018-03968-5
Rôle protecteur de la flore de Doderleïn, Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, Vol 31, N° 5 - septembre 2002, pp. 485-494, Doi : JGYN-09-2002-31-5-0368-2315-101019-ART7
Enterotypes of the human gut microbiome, Arumugam M, Raes J, et al., Nature. 2011;473:174-80.
Date de mise à jour : vendredi 17 juin 2022 par Alexandre Autrou